Le Var, vivier de résistants

Par Jade Roch

A la suite de l’armistice de juin 1940, à Marseille, sont nés différents groupes et organisations de sauvetage des réfugiés. Des mouvements et des réseaux se sont également développés sur la Côte méditerranéenne ( Nice, Toulon, Avignon) usant différentes méthodes de résistance tel que la diffusion de tracts et journaux clandestins, des manifestations ou encore par des services de renseignements. Des groupes de Résistance armée se sont créés à la suite de l’occupation allemande et italienne sur le territoire français. Des maquis se sont alors développés dans le Haut-Var, les Basses et Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes, le Vaucluse, le nord des Bouches-du-Rhône. La résistance s’organise alors en multiples organisations qui agissent contre l’occupant nazi et du régime de Vichy impliqué dans une collaboration. Les organismes de résistance se déploient alors sous forme d’organisations paramilitaires (Organisation Secrète, les Francs-Tireurs-et-Partisans communistes, l’Armée Secrète gaulliste ), des organisations syndicales résistantes, encore des organisations spécialisées (les Femmes dans la Résistance, les Forces Unies dans la Jeunesse Patriotique) ou encore des maquis. Ces organisations sont supervisées par le Conseil National de la Résistance (CNR) créé en 1943 par Jean Moulin. En 1944, les principaux groupes militaires et armés de la Résistance de la France occupée s’unifient dans le but de former les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) placées sous le commandement du général Koenig. Nous allons ici nous intéresser particulièrement aux maquis, symbole fort de la Résistance française. 


Les Maquisards, acteurs de la Résistance FrançaiseCollaboration = Trahison

Les maquis sont des groupements de résistants se réfugiant dans les régions montagneuses, les lieux reculés ou difficiles d’accès afin de se protéger des forces collaboratrices. Ces mouvements se sont accentués à la suite de la loi sur le Service du Travail Obligatoire (STO) du 16 Février 1943. Pour une grande part créés afin d’accueillir et cacher des réfractaires, ces maquis mettent peu à peu en place des actions de sabotage et de guérilla contre l’occupant. Ces forces de résistance sont soutenues par une chaîne de solidarité. En effet les populations alentour participent à de multiples formes d’aides qui contribuent autant à la survie de personnes pourchassées qu’à l’enracinement de la Résistance. Ces actions peuvent être du ravitaillement de denrées, du secours médical, hébergements, silence face aux autorités. 



Le Maquis Vallier, Résistance dans le Verdon


https://museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/image/recto/grande/1625.jpgCe maquis tient son nom de son commandant, Gleb Sivirine, "Vallier" dans la Résistance ayant commandé le maquis de l’Armée Secrète sur le plan de Canjuers, dans le Haut-Var où se situait la principale zone de maquis du département. 

Pendant 185 jours, du 26 février au 29 août 1944, Gleb Sivirine a tenu un journal qui a permis de transmettre le quotidien de son groupe. Il décrit notamment les liens qui se nouent avec la population locale, qui apporte une aide considérable pour les maquisards (hébergement, ravitaillement). « À 6h enfin, on arrivait au terme de la première étape chez un berger très chic qui nous a offert le vin et le lait et nous a vendu un mouton à 50F le kilo de viande. Quand on pense qu’il vend le même kilo à 220F à Draguignan ! Coucher dans la paille, un peu serrés, mais personne n’a rouspété contre cela tellement ils étaient tous fatigués. ». Il évoque notamment la perte de plusieurs de ses hommes tués par les Allemands ou par la Milice. Ainsi, le samedi 17 juin 1944 au 118e jour de maquis, trois maquisards partis au ravitaillement tombent dans une embuscade tendue par des miliciens : « Ernest a été tué par une balle en pleine figure et Duchâtel après avoir épuisé les munitions de son revolver s’est fait tuer au garde à vous. Les miliciens ont laissé les corps dehors au soleil toute la journée avec un écriteau portant : "C’est ainsi que meurent les traîtres de la France". Et on veut qu’il n’y ait pas de haine entre Français !" ». Vallier dévoile également que le froid, le manque de confort, les marches pénibles n’ont rien été à côté de cette impression d’insécurité constante, de sensation de bête traquée. 

Averti de l’imminence du débarquement le 9 août 1944, le maquis Vallier traverse le Var en direction du Sud pour aller libérer Hyères et Collobrières le 15 août avant l’arrivée des Américains

Des tracts "Population du Var ! mères de famille !"  Faisant appel aux soutiens pour les résistants (en particulier durant les périodes froides de l’hiver) en demandant auprès des paysans de ravitailler les résistants (pommes de terre, eau de vie, vin, légumes…) et de ne plus alimenter les collaborateurs (régime de Vichy) et les ennemis (les allemands). Il s'adresse aux mères de famille et leur demande d'aider les résistants en leur donnant des vêtements inutilisés, des couvertures et des pansements.

Un témoignage du résistant Sicard a été conservé concernant le ravitaillement en vivres des combattants du maquis des Maures, recueilli par Victor Masson en 1949. Sicard est un dirigeant d’une maison départementale de retraite. Il raconte comment il a été amené à devenir membre et chef de groupe de résistance : une fois membre de la résistance il entreprit des échanges entre les groupes de résistance du Var (Cabasse, le Cannet, Gonfaron). Il a ravitaillé des maquis (comme le maquis des Maures). Il remettait les marchandises aux commerçants locaux de la ville qui servaient donc d’intermédiaire entre Sicard et les maquisards (produits pharmaceutiques, nourriture…). Les maquisards ont eu des problèmes : feu de forêt, recherches par les autorités occupantes et par la gendarmerie française. Les commerçants locaux étaient complices (médecins, boulanger, bar tabac). Des sabotages de voies ferrés, de lignes téléphoniques, mise hors service des mines de bauxite ont été mis en place. Les employés des mines de bauxite sabotaient les engins pour ralentir les extractions (oublier de graisser les moteurs).



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