Comprendre l’occupation, la déportation et la diversité des formes de résistance, d’après les archives départementales du Var

 Par Fanny Mirza

Jean Marie Guillon raconte l’occupation ainsi que la résistance à Cabasse durant la seconde guerre mondiale. Il explique les traitements que les nazis, durant l’année 1943, infligeaient aux habitants de la ville ainsi qu’aux travailleurs des mines de bauxite. C’était principalement des étrangers, et ils résidaient dans un camp contrôlé par l’armée occupante; la Wehrmacht. Les soldats menèrent la vie dure aux locaux, commettant par exemple des délits: entre autres l’appropriation de biens, tels les chambres des habitants et les minerais récoltés par les travailleurs. Mais leur sont aussi attribués des crimes, c’est à dire le viol et le meurtre.

La résistance à Cabasse débuta en 1942. Elle se manifesta entre autres avec des parachutages alimentant les résistants en armes. Ceux-ci étaient informés du moment des parachutages grâce à un message codé diffusé à la radio. Même le Maire y participa, en fournissant une partie des armes abandonnées par l’armée italienne suite à sa défaite, aux résistants plutôt qu’aux nazis. De plus, il s’opposa publiquement aux actions de ceux-ci lors de l'occupation allemande.

Finalement la résistance atteint son apogée avec le débarquement, le 16 août 1944.

Les résistants locaux se joignent aux Forces Françaises Libres qui débarquaient. Grâce aux armes qu’ils avaient dissimulées et à l’effet de surprise, c’est avec succès qu’il mirent fin à l’occupation à Cabasse.

Raymond Bruel est un ancien déporté du camp de Neue Bremm, en Allemagne. Il écrit une lettre au médecin Elie Lagier, lui demandant tout d’abord de publier les témoignages de ses camarades déportés dans le journal. Ils témoignent de l’atrocité des traitements des prisonniers dans les camps, et affirment être affaiblis autant mentalement que physiquement. Selon lui, les camps sont tous identiques, barbelés et surveillés. Dans ces camps il y a aussi des enfants, et certains sont même torturés. En réalité, aucun prisonnier ne sait réellement pourquoi il est enfermé. Leur profil est très varié, car dans les camps nous retrouvons toutes les nationalités. En addition nous apprenons que les règles de vie sont très strictes, notamment avec le couvre-feu, et que ceux qui ne les respectent pas s’exposent à de violentes sanctions. Nous est par exemple rapportée qu’après n’avoir pas fait son lit correctement, un homme s’est fait battre publiquement. La violence et l’humiliation sont telles que les détenus sont dans la lettre assimilés à des bêtes apeurées plutôt qu’à des humains. Toutefois, l’auteur explique aussi qu’à côté de cette souffrance s’est développé chez les détenus un sentiment de haine et de vengeance.

La résistance ne se résume pas à l’armée des Forces Françaises de l’Intérieur. Elle prend en compte l’action, même moindre et insignifiante en apparence, de chacun des français s’opposant aux régimes de Vichy.

La résistance s’organise occultement. Il est demandé à chacun de préparer l’accueil des résistants, et aussi de constituer un stock de denrées pouvant leur être utiles. En effet, jusque dans les campagnes, des “maquis” sont formés, soit des groupes de résistants. Chacun y a un rôle indépendant, allant de la récolte des provisions alimentaires jusqu’à celle des armes, en passant par d’autres marchandises tel les produits parapharmaceutiques. Ces marchandises nécessitent parfois d’être fournies via des parachutages, ce qui implique encore de nouveaux acteurs. En outre, certains résistants ont dans l’ombre recours à des actions de destruction visant à fragiliser l'autorité allemande. Par exemple, dans le témoignage de Sicard, l’ancien Directeur de la Maison départementale de Retraites du Luc-en-Provence, nous avons vent d’individus endommageant le chemin de fer menant aux mines de bauxite, dont les allemands s'approprient les ressources.


Cependant, certains modes de résistance sont réalisés de manière frontale. C’est par exemple le cas lorsque est organisée une marche des femmes pour la “libération de la patrie”, ou encore lorsque les citoyens sont amenés à refuser de coopérer en allant travailler en Allemagne. Bien sûr, la résistance se caractérise aussi par les débarquements. Ces derniers ont permis la fin de l’occupation allemande. Enfin, peuvent être considérés comme des résistants les déportés opposés au régime nazis. Dans la lettre que rapporte Raymond Bruel nous comprenons que la répression est trop violente pour avoir un réel impact. Toutefois certains considèrent la mort qu’on leur impose comme un sacrifice: “Vous leur direz, là-bas que je meurs pour la France” sont accordés comme derniers mots de ceux à qui les nazis arrachèrent le silence.

image extraite des archives de Sceaux


 

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